À l'Échelle de la prière en Islam - Muhammad Vâlsan

Cet article fut publié initialement dans la revue Parfaire l'Homme (numéro 4).


C’est au cours du Voyage nocturne et de l’Ascension Céleste du Prophète ﷺ que fut institué le rite de la prière canonique à la communauté islamique. Depuis, cinq fois par jour, le musulman est appelé à son accomplissement. Chaque fois, il s’en acquitte après qu’elle ait été déclarée “dressée” (qad qâmati-s-Salât), en réponse à l’ordre divin donné en ces termes : « Dresse la prière ! (Aqim as-Salât) ».

 Pour comprendre ce que signifie une telle expression, il est nécessaire de rappeler le hadith qui précise que « la prière est l’échelle du croyant » (As-salât mi‘râj al-mu’min). Le mot mi‘râj est construit...

C’est au cours du Voyage nocturne et de l’Ascension Céleste du Prophète ﷺ que fut institué le rite de la prière canonique à la communauté islamique. Depuis, cinq fois par jour, le musulman est appelé à son accomplissement. Chaque fois, il s’en acquitte après qu’elle ait été déclarée “dressée” (qad qâmati-s-Salât), en réponse à l’ordre divin donné en ces termes : « Dresse la prière ! (Aqim as-Salât) ».

Pour comprendre ce que signifie une telle expression, il est nécessaire de rappeler le hadith qui précise que « la prière est l’échelle du croyant » (As-salât mi‘râj al-mu’min). Le mot mi‘râj est construit sur le schème des noms d’instruments, en l’occurrence celui qui sert à s’élever ou à gravir, d’où l’“échelle”. Il s’agit donc de dresser une échelle ou un mi‘râj. On sait toutefois que ce même vocable désigne traditionnellement la “Montée aux cieux” proprement dite du Prophète ﷺ. Pour cette raison, le récit de cet épisode sacré fut traduit au Moyen-âge sous le titre Le livre de l’Echelle. On saisit mieux par là le lien qui rattache l’institution de cette prière/échelle à l’Ascension conçue elle-même comme l’Echelle par excellence. On en déduit logiquement que les cinq oraisons quotidiennes doivent être vécues fondamentalement comme autant d’élévations spirituelles sublimes.

Les diverses sources relatant le Voyage céleste nous précisent que c’est à partir du Rocher de Jérusalem qu’eut lieu celui-ci. Chose curieuse, alors que la prière institutionnelle ne fut décrétée qu’après l’accès au Firmament, il est pourtant parlé d’une prière dirigée à cet endroit, avant son départ, par Sayyidunâ Muhammad ﷺ devant un groupe de Prophètes comprenant notamment Abraham, Moïse et Jésus, et il est ajouté qu’à son retour à La Mekke, à la suite de la prière matinale, il déclara aux fidèles présents : « J’ai prié avec vous la dernière prière du soir […] puis je suis allé à Jérusalem et j’y ai prié, et voici que je viens de prier avec vous celle de l’aube ». Le Mi‘râj semble avoir, de la sorte, conféré un statut légal à une prière déjà en gestation formelle, pourrait-on dire, et pratiquée hors législation explicite. La mention du Rocher et de l’Echelle à Jérusalem fait bien évidemment écho à une vision fameuse du Prophète Jacob. A l’instar de nombreux textes de Traditions anciennes, la Genèse biblique1Genèse, 28, 11-19. relate en effet une anecdote sur la vision de cette Echelle reliant le Ciel à la Terre, de cette Passerelle verticale rétablissant le contact et le possible dialogue avec le divin.

Réalisant que cet endroit est une “Porte des cieux”2Ibid., 28, 17. Ce terme en fait étymologiquement une Babylone positive. et qu’il se trouve en la “Maison de Dieu” (Beith Elohîm), le Patriarche nomma la “Station” (Maqôm) Béthel. Tous ces termes sont en résonnance spéciale avec ceux de la “Mosquée sacrée” (Masjid al-Harâm) où la Bayt-Allâh est devenue le nouveau Centre d’orientation de la prière3 En temps ordinaire, la prière s’accomplit derrière le Maqâm Ibrâhîm où celui que le Coran qualifie d’“Imâm” (cf. Coran, 2, 124) a laissé l’empreinte de ses pieds en rebâtissant le Temple. en remplacement du Sanctuaire de la “Mosquée éloignée” (Masjid al-Aqsâ). La référence au Patriarche Jacob nous amène à considérer l’une de ses caractéristiques qui est celle d’avoir reçu un nom nouveau après un face à face avec Dieu, que les initiés du Tasawwuf nomment Mukâfahah ou Fahwaniyyah4De fuh, d’où fah, la bouche pour le second terme. Dans le vocabulaire technique du Tasawwuf, ces mots désignent en général un échange “bouche à bouche”, une parole intime. La Prière en est l’occasion qu’énonce l’Envoyé d’Allâh en ces termes : « Lorsque l’un d’entre vous prie, il s’entretient intimement avec son Seigneur » (cf. Bukhârî, Kitâb as-Salât, hadith 531). La conversation intime (munâjah) dont il s’agit est équivalente à la Parole reçue par l’Interlocuteur, Moïse, dans l’épisode du Buisson ardent. En lien avec l’aspect igné de l’Arbre en question, le verbe sallâ, “prier”, est identique au verbe sallâ, “mettre au feu”, “brûler”. Selon Suhrawârdî : « le terme as-Salât se rattache étymologiquement au terme as-saliyyu qui désigne le feu (an-nâr). Lorsqu’on désire redresser un morceau de bois tordu, on le passe au feu puis on le redresse [...] Quant aux Gloires fulgurantes de la Gloire d’Allâh le Généreux, si elles étaient dévoilées, elles brûleraient celui qu’elles atteindraient. C’est ainsi que l’Orant [véritable] est touché par elles dans sa prière en raison de l’ardeur des assauts divins et de l’Immensité seigneuriale jusqu’à ce que cessent ces tortuosités intérieures et qu’il réalise son ascension (mi‘râj). Celui qui prie est comme celui qui est brûlé par le feu, et celui qui est consumé par le feu de la prière et dont toutes les tendances dysharmoniques ont cessé n’a plus à être présenté au feu de la Géhenne » (‘Awârif al-Ma‘ârif, chap. 36).. Il fut alors surnommé Israël. En le rendant par Isrâ’îl, le Coran oblige à traiter ce nom non pas comme un mot étranger, mais bien comme faisant partie de l’arabe sacré. Dans ce cas, Isrâ’îl, au même titre que le nom d’ange Jibrâ’îl signifiant “Force de Dieu”, doit s’entendre en deux termes. En contexte islamique, Jacob n’est alors plus un Israël pour avoir su s’opposer victorieusement à l’Ange au gué du Jaboc5Genèse, 32, 23-33. mais un Isrâ’îl pour avoir effectué l’Isrâ’ menant à Îl, à savoir le parcours spirituel menant à Dieu.

Une telle interprétation inédite est justifiée et confirmée par une indication d’origine coranique. Précisément consacrée au “Voyage nocturne”, la sourate dix-sept présente plusieurs particularités : l’une d’elles tient précisément à son titre. Il connaît une variante fort instructive en ce sens. Le plus courant est Al-Isrâ’ mais s’y substitue parfois celui de Banû Isrâ’il (“Les Fils d’Israël”). Sous ce rapport, la notion de Fils ne se limite plus aux seuls fils charnels de Jacob, mais s’applique plus largement aux Fils spirituels d’Israël qui ont franchi les étapes de la Quête et atteint son but.

On remarquera encore que cette sourate compte 111 versets et que ce nombre, considéré comme axial et “polaire”6Qutb = 111 (Q + t + b = 100 + 9 + 2). symbolise l’unité dans les trois Mondes terrestre, intermédiaire et céleste appelés Mulk, Jabarût et Malakût. On peut considérer qu’il détermine les trois échelons majeurs de l’Echelle qu’il est commandé de dresser ou de redresser. Selon l’abjad traditionnel des anciens, ce nombre est également celui de l’homme ins7 Ins = 111 (I + n + s = 1 + 50 + 60)., lorsqu’il élève axialement sa conscience, unit les trois Mondes en question et restaure la communication avec le Principe divin en tant que A‘lā8 A‘lā = 111 (A + ‘ + l + ā = 1 + 70 + 30 + 10). , “Plus-Haut”. Celui qui prie et se tient droit s’identifie en réalité à l’Echelle de la Voie axiale, As-Sirât al-mustaqîm, sur laquelle il demande d’être guidé lors de la récitation de la première sourate. Sa colonne vertébrale (‘amûd) est alors le support symbolique des barreaux de son ascension car la Prière est la colonne de la Religion (‘imâd ad-Dîn). Elle constitue la matérialisation physique de la colonne plus subtile qui rattache l’homme au Ciel en se prolongeant par la fontanelle (al-yafûkh) d’où l’esprit fut insufflé en Adam. A ce propos, il est intéressant de rappeler que, en comptabilisant celles du coccyx qui sont soudées, la somme des vertèbres humaines est établie à 339 Il y a 7 vertèbres cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires, 5 sacrales (qui forment l’os sacrum) et 4 coccygiennes, sachant que celles-ci sont réduites à 3 dans certains cas, en fonction de leur degré de soudure.. Sans nous étendre sur la signification de ce nombre que l’on égraine à trois niveaux, comme des vertèbres, dans le rosaire islamique notamment, nous relèverons qu’Ibn ‘Arabî affirme que le Prophète « fut amené à effectuer 34 Isrâ’ dont un avec son corps et les 33 autres en esprit »10Futûhât, Vol. 3, p. 342. Signalons aussi que la somme triangulaire ou pythagoricienne de 33 (c'est-à-dire 1 + 2 + 3 etc. jusqu’à 33) donne 561 qui représente, entre autres, le nombre de chapitres des Futûhât avec le Prologue..

Le symbole coranique de l’épine dorsale est l’Alif qu’Ibn ‘Arabî met en relation directe avec “l’axialité”, al-qayyumiyyah. La valeur numérique de cette lettre est 1 et celle de son nom complet composé des trois lettres A-L-F est 11111 A + l + f = 1 + 30 + 80 = 111. . Il est naturellement la lettre liminaire et unitaire du nom Allâh, mais aussi celle du Amr, l’“Ordre” divin. Dans cette perspective, il s’agit plus particulièrement encore de la lettre initiale qui a inauguré la toute première Révélation, celle de l’Impératif qui, en enjoignant Iqra’ (“Récite !” ou “lis !”) a “ordonné” le microcosme de l’Homme qui devenait, par nature, le dépositaire du Coran.

On remarquera que la sourate où figure ce premier vocable se poursuit par une évocation de l’Homme créé à partir d’un ‘alaq que l’on peut entendre comme un coagula sanguin mais aussi comme une “relation” (‘alâqah) ainsi que le sous-entend Ibn ‘Arabî dans son commentaire allusif de la sourate12Cf. Futûhât, Chap. 288, Vol. 2, p. 641.. Cette relation, qui peut sembler rompue pour l’être ordinaire13 C’est ainsi que l’on peut interpréter, entre autres, la kasrah servant à la vocalisation de l’Alif en i. Ce mot morphologiquement proche du français “casser” a la même signification. Signalons que c’est l’Ange Gabriel, Jibrîl, qui, en tant qu’intermédiaire du Nom divin Al-Jabbar, est chargé d’opérer un acte de jabr, autrement dit de “réduire la fracture” d’avec Dieu qui s’est produite dans la conscience., est rétablie par la rectitude de l’Homme entrant en prière, celle-ci étant le lien au Seigneur (as-Salât silah). C’est la raison pour laquelle la sourate qui cite le Calame et sa droiture “alifienne” pour enseigner l’Homme en arrive aussitôt à la mention de la Prière : « As-tu vu celui qui empêche un serviteur de prier ? »14 Coran, 96, 9-10.. La sourate se termine par un nouvel ordre, triple : « Ne lui obéis pas (à cet ignorant : Abû Jahl), prosterne-toi et rapproche-toi ! »15Ibid, 96, 19..

Un hadith explicite la fin de la sourate en précisant : « C’est quand il est prosterné (sâjid) que le serviteur est au plus proche (aqrab) de son Seigneur ». C’est à ce moment, en extinction dans la position d’abaissement et d’humilité absolus qu’il est proclamé : « Gloire à mon Seigneur le Plus-Haut (Subhân Rabbî al-A‘lā)16Cf. supra note 8. ». Cette proclamation et la proximité envisagée éclairent le sens d’une parole du Prophète ﷺ. Parlant de son exaltation lors du Mi‘râj, il déclara : « Ne me faites pas supérieur (lâ tufaddilû-nî) à Jonas fils d’Amittaï »17 Qâdî ‘Iyyâd, Kitâb al-Shifâ’, Vol. 1, p. 193, Dâr al-Fikr.. Il enseignait par-là que le Zénith qu’il avait atteint coïncidait en fait avec le Nadir du Poisson plongé dans les abysses ayant avalé Jonas. Ce qui se produit alors est en réalité non seulement une jonction des extrêmes mais plus exactement encore une résorption instantanée de l’axe et de la distance qu’il sous-tend.

L’idée d’“échelle” induit celle de “mesure”. Cela nous amène à analyser la valeur numérique 31418Mi‘râj = M + ‘ + r + a + j = 40 + 70 + 200 + 1 + 3 = 314. A titre de curiosité, signalons qu’Ibn ‘Arabî traite, évidemment non fortuitement, de la sourate 70 Al-Ma‘ârij, “Les Echelles”, au chapitre 314 de ses Futûhât al-makkiyyah. Le Pluriel de Mi‘râj, Ma‘ârij est composé des mêmes lettres que le singulier et vaut donc également 314. du mot qui la désigne en arabe. Ce nombre est l’expression non décimale du rapport constant qui unit le diamètre d’un cercle à sa circonférence appelé Π (Pi). Noté arithmétiquement aujourd’hui sous la forme approximative 3,14, il fait partie des nombres qualifiés d’irrationnels. Le Coran, qui révèle toutes les sciences, informe que lors du Mi‘râj le Prophète arriva à « la distance de deux arcs ou plus près (qâba qawsayn aw adnâ19Coran, 53, 9.. La formule employée s’avère étonnamment technique, mais en terme géométrique cette fois. Les deux arcs peuvent être interprétés comme les deux demi-cercles permettant, grâce au rapport de l’échelle 314, l’accès à proximité du centre, “ou plus près”20 Les lettres constitutives d’Adnâ correspondent à celles de l’Adonaï hébraïque signifiant “Mon Seigneur”., à savoir au centre même.

Le fait que le nombre 314 soit une approximation employée sous couvert de termes coraniques se justifie par la doctrine islamique qui, n’envisageant pas de formuler une quelconque identité avec Dieu, préfère évoquer une proximité immédiate avec Lui. Cette proximité est annoncée comme la plus grande dans la prosternation au moment où le point de jonction des deux arcs des sourcils touche le sol21Il s’agit du point où s’inscrit la marque de la prosternation appelée Sîmâ (cf. Coran, 48, 29) = S + î + m + â = 60 + 10 + 40 + 1 = 111.. De même, le nombre 3,14 ne permet qu’une approche du rapport exact exprimé par Π. Un célèbre hadith qudsî laisse entendre que l’identification avec les Attributs divins est toutefois possible à condition d’être opérée par l’Amour divin lui-même. Il est dit en effet : « Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les œuvres surérogatoires (an-nawâfil) jusqu’à ce que Je l’aime et quand Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, son regard par lequel il voit et sa main par laquelle il saisit… »22Hadith recensé par Bukhârî.. Il nous faudra une autre occasion pour parler du nombre 314 dans le Coran. Nous nous contenterons d’ajouter pour cette fois qu’il constitue la somme arithmétique des lettres complètes de Muhammad 23Mîm Hâ’ Mîm Mîm Dâl = [40 + 10 + 40] + [8 + 1] + [40 + 10 + 40] + [40 + 10 + 40] + [4 + 1 + 30] = 314., ce qui confère au Prophète la fonction d’intermédiaire céleste dont l’Echelle est l’un des symboles principaux. Le nom de Muhammad fut porté par celui qui incarna parfaitement la réalisation de ce que le Tasawwuf a dénommé l’Homme Universel (al-Insân al-Kâmil). En respectant la graphie coranique du mot insân qui n’intègre pas l’Alif interne et le laisse en position suscrite, cet Homme Universel qui est au cœur du Coran, pour qui sait le voir, a la valeur de 31424A + l + I + n + s + n + a + l + K + a + m + l = 1 + 30 + 1 + 50 + 60 + 50 + 1 + 30 + 20 + 1 + 40 + 30 = 314.. Par la signature de son nom, l’Envoyé d’Allâh montra qu’il est pour sa communauté l’intercesseur25L’un des mots qui traduit ce rôle est Wasîlah valant 111 = W + s + î + l + h = 6 + 60 + 10 + 30 + 5., or cette intercession (shafâ‘ah) passe notamment par une demande de prière lui revenant en privilège. On connaît assez l’importance de la Prière sur le Prophète pour que nous n’y insistions pas ici. Elle représente essentiellement une demande de Grâce et c’est la Prière d’Allâh sur lui qui constitue la Grâce même dont sa communauté est appelée à bénéficier. Nous rappellerons juste, pour finir, que d’après le Cheikh al-‘Alawî 26Dawhat al-Asrâr, Mostaganem 1991 (3ème éd.). Il existe une traduction française de M. Nabil Badrawî : L’Arbre aux secrets. : « Il est de pratique courante chez les connaissants de disséminer leurs doctrines initiatiques dans leurs Prières sur le Prophète afin que cela soit pour leurs disciples et eux-mêmes un mi‘râj au moyen duquel ils puissent atteindre certains mystères de la Fonction divine et les vérités essentielles de la Mission prophétique ».

Nous ajouterons que la Prière sur le Prophète nous fournit en réalité une double Echelle. Quand un Ibn ‘Ajîbah enseigne par exemple : « sache que la prière sur lui est une Echelle (Sullam) et une Voie d’ascension (Mi‘râj) de l’Union à Allâh », il utilise volontairement deux synonymes qui font écho à notre double demande Allahumma salli wa sallim, “Allahumma répands Ta Grâce et Ta Paix”. Alors que l’on sait maintenant que le terme Salât a été identifié à une Echelle/Mi‘râj, on peut se rendre compte que l’impératif sallim fait une allusion subtile à l’autre nom de l’Echelle/Sullam.

« Allahumma répands la Faveur de Tes Prières et étends la protection de tes salutations […] sur celui qui monta jusqu’à la distance de Deux Arcs ou plus près après l’avoir au préalable identifié comme le diamètre de l’Un, tracé entre les deux arcs de l’Unité et de l’Unicité »27Cf. Prière sur le Prophète, Ibn 'Arabî, traduction annotée de Michel Vâlsan, Etudes traditionnelles, Nov.-Déc. 1974.(Lire cet écrit en PDF).

Wa s-Salâtu wa s-Salâm ‘alâ Sayyidi-nâ Muhammad wa ‘alâ Âli-hi wa Sahbi-h !

 

Muhammad VÂLSAN


Notes :

  1. Genèse, 28, 11-19.
  2. Ibid., 28, 17. Ce terme en fait étymologiquement une Babylone positive.
  3. En temps ordinaire, la prière s’accomplit derrière le Maqâm Ibrâhîm où celui que le Coran qualifie d’“Imâm” (cf. Coran, 2, 124) a laissé l’empreinte de ses pieds en rebâtissant le Temple.
  4. De fuh, d’où fah, la bouche pour le second terme. Dans le vocabulaire technique du Tasawwuf, ces mots désignent en général un échange “bouche à bouche”, une parole intime. La Prière en est l’occasion qu’énonce l’Envoyé d’Allâh en ces termes : « Lorsque l’un d’entre vous prie, il s’entretient intimement avec son Seigneur » (cf. Bukhârî, Kitâb as-Salât, hadith 531). La conversation intime (munâjah) dont il s’agit est équivalente à la Parole reçue par l’Interlocuteur, Moïse, dans l’épisode du Buisson ardent. En lien avec l’aspect igné de l’Arbre en question, le verbe sallâ, “prier”, est identique au verbe sallâ, “mettre au feu”, “brûler”. Selon Suhrawârdî : « le terme as-Salât se rattache étymologiquement au terme as-saliyyu qui désigne le feu (an-nâr). Lorsqu’on désire redresser un morceau de bois tordu, on le passe au feu puis on le redresse [...] Quant aux Gloires fulgurantes de la Gloire d’Allâh le Généreux, si elles étaient dévoilées, elles brûleraient celui qu’elles atteindraient. C’est ainsi que l’Orant [véritable] est touché par elles dans sa prière en raison de l’ardeur des assauts divins et de l’Immensité seigneuriale jusqu’à ce que cessent ces tortuosités intérieures et qu’il réalise son ascension (mi‘râj). Celui qui prie est comme celui qui est brûlé par le feu, et celui qui est consumé par le feu de la prière et dont toutes les tendances dysharmoniques ont cessé n’a plus à être présenté au feu de la Géhenne » (‘Awârif al-Ma‘ârif, chap. 36).
  5. Cf. Genèse, 32, 23-33.
  6. Qutb = 111 (Q + t + b = 100 + 9 + 2).
  7. Ins = 111 (I + n + s = 1 + 50 + 60).
  8. A‘lā = 111 (A + ‘ + l + ā = 1 + 70 + 30 + 10).
  9. Il y a 7 vertèbres cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires, 5 sacrales (qui forment l’os sacrum) et 4 coccygiennes, sachant que celles-ci sont réduites à 3 dans certains cas, en fonction de leur degré de soudure.
  10. Futûhât, Vol. 3, p. 342. Signalons aussi que la somme triangulaire ou pythagoricienne de 33 (c'est-à-dire 1 + 2 + 3 etc. jusqu’à 33) donne 561 qui représente, entre autres, le nombre de chapitres des Futûhât avec le Prologue.
  11. A + l + f = 1 + 30 + 80 = 111.
  12. Cf. Futûhât, Chap. 288, Vol. 2, p. 641.
  13. C’est ainsi que l’on peut interpréter, entre autres, la kasrah servant à la vocalisation de l’Alif en i. Ce mot morphologiquement proche du français “casser” a la même signification. Signalons que c’est l’Ange Gabriel, Jibrîl, qui, en tant qu’intermédiaire du Nom divin Al-Jabbar, est chargé d’opérer un acte de jabr, autrement dit de “réduire la fracture” d’avec Dieu qui s’est produite dans la conscience.
  14. Coran, 96, 9-10.
  15. Ibid, 96, 19.
  16. Cf. supra note 8.
  17. Qâdî ‘Iyyâd, Kitâb al-Shifâ’, Vol. 1, p. 193, Dâr al-Fikr.
  18. Mi‘râj = M + ‘ + r + a + j = 40 + 70 + 200 + 1 + 3 = 314. A titre de curiosité, signalons qu’Ibn ‘Arabî traite, évidemment non fortuitement, de la sourate 70 Al-Ma‘ârij, “Les Echelles”, au chapitre 314 de ses Futûhât al-makkiyyah. Le Pluriel de Mi‘râj, Ma‘ârij est composé des mêmes lettres que le singulier et vaut donc également 314.
  19. Coran, 53, 9.
  20. Les lettres constitutives d’Adnâ correspondent à celles de l’Adonaï hébraïque signifiant “Mon Seigneur”.
  21. Il s’agit du point où s’inscrit la marque de la prosternation appelée Sîmâ (cf. Coran, 48, 29) = S + î + m + â = 60 + 10 + 40 + 1 = 111.
  22.  Hadith recensé par Bukhârî.
  23. Mîm Hâ’ Mîm Mîm Dâl = [40 + 10 + 40] + [8 + 1] + [40 + 10 + 40] + [40 + 10 + 40] + [4 + 1 + 30] = 314.
  24. A + l + I + n + s + n + a + l + K + a + m + l = 1 + 30 + 1 + 50 + 60 + 50 + 1 + 30 + 20 + 1 + 40 + 30 = 314.
  25. L’un des mots qui traduit ce rôle est Wasîlah valant 111 = W + s + î + l + h = 6 + 60 + 10 + 30 + 5.
  26.  Dawhat al-Asrâr, Mostaganem 1991 (3ème éd.). Il existe une traduction française de M. Nabil Badrawî : L’Arbre aux secrets.
  27.  Cf. Prière sur le Prophète, Ibn 'Arabî, traduction annotée de Michel Vâlsan, Etudes traditionnelles, Nov.-Déc. 1974 (Lire cet écrit en PDF).

Muhammad Vâlsan